Le moment tant attendu depuis le début de l'année par les investisseurs - et surtout le président américain Donald Trump – approche.
La Réserve fédérale américaine (Fed), l'une des nombreuses grandes banques centrales à se réunir la semaine prochaine, va enfin rendre sa décision de politique monétaire, et celle-ci pourrait donner le ton aux marchés pour le reste de l'année alors qu'une première baisse de taux de l'institution depuis décembre 2024 est largement attendue.
Tour d'horizon des perspectives de marchés dans les jours à venir :
1/ EN POLE POSITION
La reprise de l'assouplissement monétaire aux Etats-Unis, après une pause de neuf mois, constituera sans aucun doute l'événement majeur de la semaine. Ces deux dernières semaines, les mauvaises nouvelles sur le front de l'emploi et la faiblesse de l'inflation, aussi bien celle des prix à la consommation (CPI) que celle des prix à la production (PPI), ont ouvert la voie à une baisse des taux de la Fed d'au moins 25 points de base à l'issue de la réunion des 16 et 17 septembre.
La Fed a baissé ses taux pour la dernière fois en décembre 2024.
Certains responsables de la banque, dont son président Jerome Powell, présent au symposium de Jackson Hole le mois dernier, ont laissé entendre qu'une réduction des coûts d'emprunt était désormais envisagée. Le calendrier et l'ampleur de la baisse restent les seuls points d'interrogations. Le président Donald Trump, pour sa part, estime que le plus tôt sera le mieux et plaide pour des baisses massives.
Les contrats à terme montrent que les marchés intègrent avec une quasi-certitude que les taux des fonds fédéraux, actuellement dans une fourchette de 4,25%-4,50%, vont baisser d'un quart de point la semaine prochaine, tandis que la probabilité d'une réduction de 50 points est d'environ 10%.
Au total, un assouplissement d'au moins 75 points de base est anticipé par les marchés d'ici décembre.
2/ LE DILEMME DE LA BOJ
La Banque du Japon (BoJ) rendra le 19 septembre sa décision de politique monétaire et il est peu probable qu'elle opte pour un relèvement de ses taux directeurs, malgré les critiques du secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, qui juge la banque centrale nippone en retard.
A cette date, d'une part, le Japon ne connaîtra pas l'identité de son prochain Premier ministre, le successeur de Shigeru Ishiba n'étant pas attendu avant le 4 octobre, et d'autre part, les favoris au poste de chef de gouvernement ne partagent pas le même diagnostic sur la politique budgétaire et monétaire.
Sanae Takaichi, une membre de la Chambre des représentants pressentie comme une potentielle Première ministre, est une adepte des "Abenomics", du nom de l'ancien chef du gouvernement japonais. Cette doctrine économique est favorable à une hausse des dépenses et à un assouplissement des conditions monétaires.
Shinjiro Koizumi, qui, à 44 ans, deviendrait le plus jeune Premier ministre s'il accède à cette fonction, est le candidat de la continuité, proche de la politique budgétaire restrictive de Shigeru Ishiba.
La BoJ devra également composer avec un éventuel assouplissement des taux de la Fed. Un renchérissement des coûts d'emprunt au Japon dans ce contexte pourrait perturber le marché obligataire, déjà fragile, accélérer la hausse du yen et faire chuter les cours boursiers, qui ont touché vendredi de nouveaux sommets.
Les traders évaluent désormais la probabilité d'une hausse des taux de la BoJ d'ici la fin de l'année à seulement 50% contre une probabilité de 72% le mois dernier après les critiques de Scott Bessent.
3/ L'EUROPE EN MODE STATU QUO
Le semaine prochaine sera aussi chargée en Europe sur le plan monétaire après la décision, jeudi dernier, de la Banque centrale européenne (BCE) de prolonger la pause estivale sur ses taux directeurs.
La Banque d'Angleterre (BoE) devrait maintenir le 18 septembre ses taux directeurs à leur niveau actuel, tandis que les observateurs du marché ont repoussé leurs prévisions de futures baisses de taux, invoquant une inflation persistante.
Les données des prix à la consommation en Grande-Bretagne seront publiées la veille des annonces de la BoE et pourraient renforcer le sentiment que de nouvelles baisses de taux sont peu probables dans un avenir proche. Les données sur l'emploi dans le pays, elles, sont attendues le 16 septembre.
Le Royaume-Uni n'est pas le seul pays à faire face à une inflation plus élevée que prévu, ce qui jette le doute sur la capacité des banques centrales sur le Vieux continent à continuer de baisser leurs taux directeurs.
La banque centrale de Norvège, la Norges Bank, se réunit également le 18 septembre et les marchés tablent avec une probabilité d'environ 70% sur une réduction des taux de la banque d'un quart de point. L'inflation sous-jacente, qui s'élève actuellement à 3,5% en rythme annuel, rend cependant les traders moins confiants quant à une telle baisse des taux.
Au lendemain de la décision attendue de la Fed, les annonces des banques centrales en Europe devraient mettre en évidence une divergence croissante entre les grands instituts d'émission monétaire.
4/ ET LE RESTE DU MONDE
Plusieurs grandes banques centrales des marchés émergents doivent également rendre des décisions en matière de taux.
En Afrique du Sud, où la banque centrale, la SARB, a décidé le mois dernier d'abaisser l'objectif à moyen terme d'inflation pour viser le bas de la fourchette de 3%-6%, elle devra s'atteler à réancrer les anticipations en la matière. Elle pourrait ainsi opter pour un maintien de ses taux à 7%, même si certains observateurs s'attendent à ce qu'elle dispose bientôt de marge suffisante pour une réduction de ses coûts d'emprunt.
Au Brésil, où les taux ont augmenté au total de 450 points de base au cours des 12 derniers mois, la banque centrale devrait maintenir ses taux à 15% mercredi prochain, leur plus haut niveau en près de 20 ans. Le ralentissement de la croissance et de l'inflation pourraient cependant relancer le débat sur la nécessité d'un assouplissement monétaire.
En Indonésie, face à l'incertitude sur un possible relèvement du budget, les analystes sont incapables de déterminer si la banque centrale va baisser ou maintenir mercredi prochain ses taux à 5%. Cette incertitude intervient aussi après le limogeage cette semaine de la ministre des Finances Sri Mulyani Indrawati, perçue comme le principal obstacle à la mise en oeuvre des grandes promesses de croissance et de dépenses du président Prabowo Subianto qui ont déstabilisé de nombreux investisseurs.
5/ "UNE RELIQUE BARBARE"
La valeur de l'or a pratiquement doublé en trois ans. Cela peut paraître insignifiant face au gain de plus de 1.000% de Nvidia NVDA.O durant cette période.
Il n'empêche, le cours de l'or a pris de près de 40% depuis le début de l'année et pourrait enregistrer en 2025 son plus important gain annuel depuis la hausse de 126% des années 1980.
Le métal jaune a même mieux performé que le bitcoin
BTC= , qui affiche une hausse de seulement 22% depuis le début de l'année.
La dépréciation du dollar tend à favoriser l'or, tout comme la baisse des taux d'intérêt. L'or a également profité depuis le début de l'année de l'incertitude géopolitique.
Son prix a dépassé les 3.600 dollars l'once sur fond d'une forte demande émanant des banques centrales et d'autres acheteurs disposant d'un horizon d'investissement à plus long terme.
Cette flambée est remarquable pour un actif considéré par l'économiste britannique John Maynard Keynes comme une "relique barbare".
(Rédigé par Kevin Buckland à Tokyo, Alden Bentley à New York et Dhara Ranasinghe, Karin Strohecker et Amanda Cooper à Londres; compilé par Amanda Cooper; infographies de Kripa Jayaram; version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)
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